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1962-1996
1962-1996
La naissance du lycée 1958-1962
De 1958 à 1964, l’établissement Livet doit opérer une mue qui le fait passer d’"École nationale Professionnelle" (E.N.P), à celui de lycée technique. A la réorganisation des filières d’études, s’ajoute le changement des mentalités et du recrutement des élèves. Pourtant le nouveau Lycée Technique d’État (LTE Livet) va garder les mêmes exigences, tout en s’ouvrant au grand vent de l’éducation de masse…
A partir de 1958, une période de grands changements commence pour l’établissement comme pour l’ensemble de l’enseignement technique. Ils résultent d’une évolution en profondeur de tout le système de l’enseignement technique. Rappelons le contexte de la libération : en 1944 un Nantais, militant communiste, professeur d’une école d’ingénieur, Paul Le Rolland, est nommé directeur de l’Enseignement Technique. Pour lui, il est urgent de former les professionnels nécessaires à la reconstruction économique de la France, tout en marquant la présence de l’État : sous son impulsion, l’intervention de la République dans le domaine de la formation professionnelle est accrue. Il la contrôle par la création d’un corps d’inspecteurs départementaux de l’Enseignement technique. Pour former des enseignants du technique, il ouvre des écoles normales d’apprentissage (ENNA : celle de Nantes date de 1946). Enfin il crée un baccalauréat "Mathématiques et Technique".
L’autonomie du technique remise en question
En 1947, André Morice, entrepreneur de travaux publics nantais, futur maire de Nantes, est nommé Sous Secrétaire d’État à l’Enseignement Technique. Il trouve un système de formation jaloux de son autonomie, dominé par les collèges techniques et les E.N.P, Livet par exemple, qui forment des techniciens et de futurs cadres. Les métiers de la métallurgie y sont sur-représentés dans des filières sélectives, qui recrutent par concours et assurent automatiquement un débouché à la sortie. C’est le début des Trente Glorieuses et de la reconstruction : la montée en puissance des industries automobiles, de l’électroménager, du ferroviaire, de l’électricité, de la navale, du bâtiment exige une main d’œuvre nombreuse. En 1956, pour les garçons, 1572 places sont mises au concours d’entrée des E.N.P et 3755 élèves sont recalés…
Mais le progrès de l’idée d’unification du système scolaire finit par remettre en cause l’enseignement technique en tant qu’institution autonome, reposant sur un système élitiste de sélection. A la fin des années 50, les liens organiques des écoles techniques avec la production apparaissent en contradiction avec la vision démocratique et technocratique de l’enseignement.
En 1959, le ministre de l’Éducation Nationale, R. Berthoin, intègre les établissements du technique dans le secondaire : les centres d’apprentissages deviennent des collèges techniques, les E.N.P des lycées techniques. Livet rentre dans le rang. Mais c’est avec l’ambition de conserver celui d’une école prestigieuse.
Changer dans la continuité
Ce ne sera pas facile mais profitant des traditions de l’E.N.P il y parviendra. A partir de la rentrée de 58, l’école anticipe sur les futurs décrets en créant des classes de seconde. En 1962, elle prend le nom de Lycée Technique d’État Eugène Livet et applique les ordonnances de janvier 1959. Celles-ci créaient dans l’enseignement secondaire, à côté des traditionnelles sections " classique " et " moderne ", trois sections nouvelles : des sections " Technique Mathématiques ", des sections " Technique Industrielle ", et des Brevets de Technicien, offrant aux meilleurs la possibilité de devenir Technicien Supérieur, avec 2 années supplémentaires.
A chaque rentrée on supprime des classes correspondant à l’ancienne organisation de l’E.N.P et on les remplace par les nouvelles, si bien qu’en 1964, terme de ce processus, la structure pédagogique de l’établissement se présente ainsi : trois niveaux de huit classes chacun – seconde, première, terminale – conduisent au baccalauréat ou au brevet de technicien. Au-delà, les classes post-bac sont nombreuses : quatre sections de techniciens supérieurs préparent aux BTS " adjoint technique du bâtiment ", " bureau d’études ", " fabrication mécanique", " électronique industrielle ".
On crée des classes préparant en BTS, aux Arts et Métiers, à l’École Normale Supérieure de l’Enseignement Technique. On conserve la classe préparant à l’École Supérieure des Géomètres et Topographes (ESGT), classe qui existe depuis 1946 et qui a permis de tisser des liens très forts avec cette profession.
Pourtant la culture d’établissement ne change pas. Certes, on abandonne le concours d’entrée, qu’on remplace par un simple dossier d’inscription, mais les exigences demeurent fortes. Ainsi le diplôme d’Élève Breveté, qui ne s’obtient qu’avec 12 de moyenne dans les deux dernières années, perdure jusqu’en 1966. La discipline est stricte : blouse pour tous, bleu de travail, privation de sortie en cas de faute etc… Les résultats aux examens sont excellents et dans l’industrie, l’image de l’établissement reste forte : les élèves trouvent immédiatement du travail dans la région.
Mais l’établissement est installé depuis 1910 dans l’ancien séminaire de la rue Dufour et a besoin d’un sérieux ravalement. En quatre ans on ouvre de nouveaux dortoirs, on goudronne la cour, on aménage un nouveau bâtiment (dit de la Salette), on rénove les locaux administratifs, on inaugure une salle des fêtes de 200 places, on construit un gymnase. Cuisines et réfectoires se modernisent aussi. Le parc de machines-outils se renouvelle, on agrandit l’atelier de mécanique et la fonderie, seule installation de ce type dans tout l’Ouest.
On passe de 708 élèves en 1958 à 1070 en 1964 ; l’E.N.P Livet est devenue un grand lycée.
Jean Chavenon
Tableau 1964
© Archives lycée Livet