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Conférences le 9.12.2010. Culture technique et scientifique
© Lorena Foucher
Hôtel de Région
© Région des Pays de la Loire
Hôtel de Région
© Région des Pays de la Loire
Déroulement des conférences
- de 9H à 12H30 :
. M. Jean-Louis KEROUANTON
Histoires des techniques, patrimoines des techniques
. M. Guy BRUCY
Du professionnel sans spécialité au technicien supérieur : une histoire des Écoles Nationales Professionnelles
. M. Jean DHOMBRES
Considérations sur l’enseignement des machines donné dans le système éducatif depuis un siècle.
- de 14H30 à 17h30
. M. Jean- Hugues BARTHÉLÉMY
L’homme et la technique : un rapport qui reste à comprendre ?
. M. Jean LÉVȆQUE
Mathématique et Techniques
Hémicycle de l’Hôtel de Région
© Région des Pays de la Loire.
M. Jean-Louis KEROUANTON
Histoires des techniques, patrimoines des techniques
Ancien professionnel du patrimoine auprès du Ministère de la Culture, Jean-Louis Kerouanton est enseignant-chercheur à l’université de Nantes depuis 2005 ; maître de conférences en histoire des techniques, il y anime l’équipe d’histoire des techniques du Centre François Viète ÉPISTÉMOLOGIE, HISTOIRE DES SCIENCES ET DES TECHNIQUES.
Ses axes de recherches concernent essentiellement les XIXe et XXe siècles, jusqu’aux périodes les plus récentes, le monde industrialo-portuaire et ses enjeux patrimoniaux*. Il accorde avec son équipe une place majeure aux rapports interdisciplinaires avec les sciences pour l’ingénieur à travers l’usage des nouvelles technologies.
* Jean-Louis Kerouanton Les halles Alstom à Nantes : des chantiers navals au quartier de la création. Revue 303 n°111 / 2010 Architecture(s) du XXe siècle et reconversion(s).
Livet a cent ans. Autour d’un titre. « Histoires des techniques, patrimoines des techniques »
Autour de cette question du titre, ces "s" et cette virgule, que d’autres auraient remplacés par un singulier et un « et/ou » possible, voilà une façon pour moi d’ouvrir le débat. Il y a une science qui s’appelle l’histoire sans doute, tout comme il y aurait une mathématique, mais comme il y a plusieurs façons de faire l’histoire, il y a plusieurs récits possibles qui font l’histoire mais qui questionnant différemment pose parfois à la fois le "fait " historique mais aussi le jeu d’acteur de telle manière que l’histoire elle-même s’en ressent. Il y a des techniques, il y a des histoires des techniques selon l’objet, le temps et les jeux d’acteurs. Il est clair que Livet, sa raison d’être, ses intervenants (élèves, pédagogues, institution, environnement technique, environnement économique et industriel, environnement culturel) participent bien entendu eux aussi de cette tension entre temps, objet et jeu d’acteur. Mais Livet n’est pas seul. Questionnant ces histoires (des) techniques, il est naturel de s’interroger sur le(s) patrimoines (des) techniques. Je ne crois pas plus en effet à la singularité technique au simple sens de l’unicité ou de l’univocité qu’à la singularité patrimoniale. La différence, la pluralité sont à la fois dans les statuts des objets comme situés dans l’ensemble des projets, des usages et des enjeux. "Le" patrimoine rajoute à la discussion la dimension contemporaine : que pensons-nous, aujourd’hui, de ceci, de ce qui reste ou que l’on veut qui reste dans le cadre d’un projet collectif d’identité ou d’appartenance.
Il peut être compliqué pour certains de dire qu’il n’y pas de temps, d’histoire qui s’arrêtent. Il y a des situations, des usages, des temporalités, qui se succèdent mais aussi se superposent, s’interpénètrent voire s’interpellent ; c’est ce qui fait l’épaisseur du temps et du récit, qui fait à mon sens cette histoire qui continue. Je peux m’intéresser seul à un objet ancien, je suis "collectionneur" ou obsessionnel, mais ça n’en fait pas du patrimoine ; c’est à plusieurs que la nomination patrimoniale commence. Si l’on n’est d’accord que le patrimoine ne peut exister que parce qu’il est remis en question aujourd’hui dans un accord collectif, on comprendra, que du lieu, du groupe, du temps, de la position d’où je vois, ma lecture sera forcément différente de mon voisin. Parler de "patrimoines", c’est simplement accepter la complexité et la pluralité qui se jouent là comme ailleurs. Mais pour autant, la relation histoire(s) et patrimoine(s) est-elle automatique ou réflexive ? Pas si sûr. Quel est ce temps collectif qui nous pointe un intérêt quelconque à cette question du centenaire d’un obscur lycée technique de province ? Quel est ce sentiment qui nous ferait dire, avec d’autres mais contre d’autres que oui nous pouvons regarder ce siècle incriminé, en tirer avantage même en notre temps qui court ?
Jean-Louis Kerouanton (Université de Nantes, Centre François Viète, EA1161)
Octobre 2010
M. Guy BRUCY
Du professionnel sans spécialité au technicien supérieur : une histoire des ENP
Nées à la fin du XIXe siècle, les premières Écoles nationales professionnelles (E.N.P) sont initialement destinées à former les « simples soldats de l’armée du travail ». Mais en donnant à leurs élèves « la raison des choses », elles leur ouvrent les portes de la promotion professionnelle : la plupart deviennent contremaîtres ou chefs d’ateliers tandis que les meilleurs accèdent aux Écoles d’Arts et Métiers et au titre envié d’ingénieur. Les ENP produisent une élite masculine : à la veille de la guerre de 1914, elles ne scolarisent que 1600 garçons et délivrent moins de 150 diplômes par an. Dans ces écoles, la discipline de type militaire est très stricte, l’internat et l’uniforme obligatoires, les horaires de travail très lourds.
Entre les deux guerres, la pénurie de main d’œuvre qualifiée et les transformations des modes d’organisation du travail jouent en faveur de leurs élèves qui revendiquent d’abord le titre de « sous-ingénieurs » puis finalement celui de « techniciens » appelés à former « l’ossature d’élite des cadres d’exécution ». Il devient alors nécessaire de développer les ENP pour répondre aux besoins de l’économie nationale. Mais, un courant malthusien porté par ceux qui redoutent une dépréciation du titre s’oppose à leur multiplication et plaide pour un renforcement de leur sélectivité. En même temps, le ministre Jean Say souhaite la constitution d’un premier cycle unifié du secondaire intégrant l’Enseignement technique et réclame la création d’un nouveau diplôme : le baccalauréat technique préfiguration du baccalauréat « Mathématiques et Techniques » créée en 1946. Au cours des années 1950, toujours très sélectives, les E.N.P constituent le vivier de l’aristocratie technicienne et préparent à l’entrée des écoles d’ingénieurs. Avec la réforme Berthouin-Fouchet (1959-1963) elles accèdent à la dignité de lycées techniques d’État et délivrent des baccalauréats et des Brevets de techniciens supérieurs.
1. Les « Quatre vieilles ».
former des professionnels sans spécialité.
le diplôme d’élève breveté.
un avenir valorisant.
2. Les E.N.P, l’esprit technique et les techniciens.
former l’ossature d’élite des cadres d’exécution.
D.E.B et baccalauréat Technique Mathématiques.
une vie de « Bazar ».
3. Les E.N.P au cœur des Trente Glorieuses.
de l’E.N.P au lycée technique d’État.
du D.E.B au B.T.S.
M. Guy BRUCY
Historien, professeur à l’Université de Picardie – Jules Verne d’Amiens, G. Brucy a reçu une formation d’instituteur à l’École normale d’Orléans, puis poursuivi des études d’histoire aux universités de Tours puis de Paris 1 où il soutint, sous la direction d’Antoine Prost, une thèse de doctorat consacrée à l’Histoire des diplômes de l’Enseignement technique et professionnel (1880-1965) publiée chez Belin. Il a successivement exercé en collège et en lycée professionnel avant d’assumer les fonctions d’inspecteur de l’enseignement technique dans l’académie d’Orléans-Tours. Ses travaux portent sur l’histoire de l’enseignement professionnel et de la formation des travailleurs aux XIXe et XXe siècles. Il a notamment publié une Histoire de la FEN en 2003 chez Belin, puis avec une équipe de sociologues et de juristes, Former pour réformer. Retour sur la formation permanente (1945-2004), La Découverte, 2007.
Jean DHOMBRES
Considérations sur l’enseignement des machines donné dans le système éducatif depuis un siècle ?
Jean Dhombres, mathématicien et historien des sciences, est directeur de recherche au CNRS et directeur d’études à l’EHESS. Il a publié en collaboration à Cambridge : une théorie des équations fonctionnelles (1989), chez Fayard ; une biographie de Lazare Carnot (1997), chez Belin ; une biographie de Joseph Fourier (2000), et de nombreux articles sur l’épistémologie de la mathématisation.
M. Jean- Hugues BARTHÉLÉMY
L’homme et la technique : un rapport qui reste à comprendre ?
Conférence : La technique est-elle un ensemble de moyens disponibles pour l’usage humain ? Jusqu’au 20e siècle, les philosophes ont répondu par l’affirmative, et c’est pourquoi les programmes scolaires de philosophie continuent parfois d’associer le thème de la technique à celui du travail. Or, deux philosophes du 20e siècle ont contesté que la technique puisse être réduite à un ensemble de moyens pour l’homme. Ces deux philosophes sont Heidegger en Allemagne, et Simondon en France. Mais les raisons pour lesquelles ils ont ainsi quitté tous les deux la vision « anthropologique » de la technique sont des raisons cette fois divergentes. Pour Heidegger la technique correspond chez l’homme à une façon d’être mais aussi à un « destin », à la fois nécessaire et potentiellement catastrophique. Pour Simondon la technique est un ensemble de fonctionnements qui ne sont nuisibles que dans certains usages, et dont la complexité croissante à travers les « réseaux » est en elle-même facteur de progrès humain si on sait distinguer le fonctionnement de l’usage. Nous exposerons ces deux manières de penser notre époque comme « époque de la technique », puis proposerons un arbitrage en soulevant la question très actuelle des « industries culturelles ».
Biographie : Jean-Hugues Barthélémy est né en 1967 à Casablanca. Après des études de philosophie à Brest puis Rennes, il devient professeur de philosophie, puis soutient une thèse de doctorat en 2003 à l’Université de Paris 7 – Denis Diderot. Il la publie en 2005 et devient directeur de séminaire à la Maison des Sciences de l’Homme de Paris-Nord. En 2008 il publie son troisième livre (Simondon ou l’Encyclopédisme génétique, P.U.F.), et crée en 2009 les Cahiers Simondon, qu’il dirige depuis. Il est également rédacteur en chef de la revue en ligne Appareil, et membre du Conseil d’Administration d’Ars Industrialis, association politique créée par le philosophe Bernard Stiegler, dont il est l’un des proches collaborateurs. Il prépare un quatrième ouvrage, destiné à un public plus large et consacré à l’ensemble de l’œuvre de Simondon, dont il est désormais un des spécialistes reconnus à l’échelle internationale.
http://www.arsindustrialis.org/node/2956
M. Jean LÉVȆQUE
Mathématique et Techniques
Dans le paragraphe 56 des Principes de la philosophie du droit Hegel attribue à la notion de "fabrication" un statut radicalement nouveau. « Par la fabrication, écrit-il, la détermination que quelque chose est mien reçoit une réalité extérieure »...
Entendons que la réalité extérieure au sujet dépend désormais de l’acte de produire. Une telle inflexion du Droit va se trouver complétée par un second mouvement qui porte directement sur l’acte même de produire. Si, comme le montre Heidegger dans Qu’est-ce qu’une chose, le mode de dévoilement technique, dès ses origines grecques, implique la mesure, une modification essentielle s’amorce à la fin du 18ème siècle. Les différentes techniques ne se servent pas seulement des instruments de mesure, elles incorporent la mathématique - l’écriture mathématique dans leur propre organisation.
Cette incorporation est particulièrement nette dans "l’art des moteurs" : le processus théorique de la chaleur « entre dans l’objet technique » selon la formule même de Hegel. Mais plus gravement, une telle entrée dans le corps de l’objet exerce ensuite une opération, un arrachement sur l’extérieur. Heidegger, dans Question de la technique souligne cette différence : « Le dévoilement qui régit la technique moderne ne se déploie pas en une production au sens de poïésis. Le dévoilement qui régit la technique moderne est une pro-vocation par laquelle la nature est mise en demeure de livrer une énergie qui comme telle puisse être extraite et accumulée ».
Non plus une "maîtrise", non plus un façonnage, mais une implication rigoureuse de cette écriture qui ne mesure plus mais impose ses signes. Et ainsi pourrons-nous mieux comprendre les efforts de Monge pour enseigner l’épure qui entrera désormais dans le corps des choses pour interpeller ce qui l’entoure. L’épure n’est en rien un dessin commode mais une voix qui inscrit et diffuse ses signes.
M. Jean LÉVȆQUE
Après des études scientifiques en mathématiques supérieures et en mathématiques spéciales, Jean LÉVȆQUE s’oriente vers l’épistémologie et la philosophie. Il obtient l’agrégation de philosophie et, entre temps, le diplôme de l’Institut d’Études politiques.
Il publie divers essais consacrés à la pensée de Heidegger, "Fragments" en particulier ainsi que "Récit, désir et mathématique".